1 ) Qu’est-ce qui vous a inspiré à écrire des histoires de fantaisie et de mythologie ? Qu’est-ce qui vous fascine le plus dans ces genres ?
La Fantasy a toujours nourri ma culture ludique et littéraire, dès l’enfance avec les Livres Dont Vous Êtes le Héros, puis via les jeux de rôle et les romans. L’intérêt pour la mythologie, la base inspiratrice de la plupart des univers imaginaires, en a donc découlé naturellement. Pour ma part, la préférence s’est fixée sur la mythologie nordique qui possède une parenté originelle avec la Fantasy, notamment grâce à Tolkien. Tout se recoupe.
Ce qui me fascine dans ces genres englobe à la fois l’évasion, l’immersion, l’appel à l’imaginaire et à la création, l’attrait pour le fantastique, les thèmes universels qu’on y rencontre, bref tout ce qu’offre et qui caractérise l’importance des mythes, des histoires et de la littérature. Tous les ingrédients parfaits pour éveiller une passion.
2 ) Comment mélangez-vous des éléments de la mythologie existante avec votre propre imagination pour créer votre propre univers fantastique ?
Mon univers étendu est un bac à sable où les mythologies fournissent à la fois la matière, les outils et le cadre. J’y puise tant les thèmes et éléments qui forgent des personnages et des histoires que le background destiné à servir de toile de fond, à habiller le récit. La Fantasy et la mythologie nordique possédant le même ADN, il est facile d’établir des liens à la fois cohérents et excitants à traiter. L’imagination peut s’y épanouir et fait le reste.
3 ) Quels sont les thèmes récurrents que vous explorez dans vos histoires de fantaisie et de mythologie, et pourquoi sont-ils importants pour vous ?
Le thème récurrent de mes histoires reste de loin la quête initiatique. La transfiguration du héros se doit d’y être centrale car c’est ainsi que je conçois mes personnages : ils doivent grandir par l’épreuve et prétendre à la fin du récit à une évolution en profondeur, une maturité dont ils ne disposaient pas à son début. C’est important à mes yeux car je vis à travers eux. Ce sont eux qui me permettent de régler des conflits de la vie réelle que je suis incapable de gérer autrement. Sous couvert d’épique et d’aventure, ils incarnent des parcelles très intimes de ma propre personnalité cherchant à s’affirmer. Et à évoluer.
4 ) Quel est le plus grand défi que vous avez rencontré en tant qu’auteur et comment l’avez-vous surmonté ?
Je pense que le plus grand défi d’un auteur est de franchir son premier pas, en l’occurrence de parvenir à écrire son premier livre. L’Impératrice des Chimères, que je considère en tant que tel, a marqué un tournant dans ma carrière d’auteur, puisque le premier à être publié en maison d’éditions. Il me tient à cœur pour cette raison et d’autres, en même temps marque de reconnaissance, fierté et plus grand défi. Son écriture m’a servi d’exutoire, voire de thérapie, dans une période sombre de ma vie. Pour cela, il a été le plus difficile à terminer. Mais c’est lui qui a conditionné le reste de mon engagement littéraire.
5 ) Quels sont les défis auxquels vous êtes confronté lors de la création d’un monde de fantaisie complexe et comment les surmontez-vous ?
À mon sens, les difficultés inhérentes à la création d’un univers sont l’originalité et la cohérence. Consciemment ou pas, il est aisé de verser dans le cliché ou la retranscription d’éléments d’autres œuvres. Il faut apprendre à s’émanciper des influences qui ont nourri notre culture et nous poussent à écrire ou créer. Pour cela, le développement de l’imagination est crucial. J’essaie toujours de prendre le contre-pied des histoires ou des poncifs connus, cherchant l’originalité et LA bonne idée parmi toutes les fausses bonnes idées.
À l’inverse, il faut éviter que le monde que l’on crée, sous prétexte de magie et de Fantasy, devienne un large fourre-tout où l’on cherche à tout caser dans l’espoir de le personnaliser. Je veille à respecter une cohérence globale qui se situe souvent dans les détails. Rien ne déroute autant les lecteurs, moi le premier, qu’une histoire qui devient incohérente. Il faut veiller à susciter le concept de suspension consentie d’incrédulité.
6 ) Quel rôle jouent les paysages et les décors dans vos histoires de fantaisie et de mythologie ? Comment les décrivez-vous pour plonger les lecteurs dans votre univers ?
L’environnement est un facteur-clé de la mise en situation d’une scène, d’un récit. En particulier dans des univers imaginaires. L’avantage de la Fantasy, c’est qu’elle offre des possibilités quasiment illimitées dans la création des décors. Je ne me lasse pas de puiser dans la diversité de l’imagerie nordique pour accentuer l’idée d’exotisme et de fantastique dans mes histoires. Un duel sur le bord d’un fjord, la traversée d’une forêt brumeuse, une plage de sable noir verglacée, la richesse de la nature scandinave octroie une profondeur et une âme au texte. J’aime l’utiliser pour transmettre une émotion ou poser une ambiance, en appui de l’action en cours.
7 ) Comment équilibrez-vous l’action et la caractérisation dans vos histoires pour maintenir l’intérêt des lecteurs ?
Je pense que c’est une question de rythme. Il importe de ne pas embourber le lecteur dans des descriptions ou des digressions pesantes qui font perdre le fil, ce qui peut être un piège dans un genre fantastique comme la SF ou la Fantasy qui impliquent la présentation nécessaire d’un univers spécifique inédit. Et en même temps, négliger des explications au profit de l’action s’avère tout aussi dangereux. J’essaie d’alterner et de doser, d’aérer le texte et d’instaurer des pauses entre les paragraphes descriptifs, notamment grâce à des dialogues. Idéalement, j’utilise des phrases courtes pour retranscrire la fulgurance d’une action rapide comme un combat ou une poursuite. L’humour peut aussi aider à recentrer l’attention ou alléger un passage.
8 ) Comment créez-vous un sentiment d’émerveillement et d’évasion chez les lecteurs à travers vos histoires de fantaisie et de mythologie ?
Il faut parvenir à entraîner le lecteur dans son récit pour susciter son adhésion. Ce peut être par le biais de personnages, attachants ou détestables, mais assez marquants pour donner envie de les suivre. L’intrigue et son déroulé doivent piquer la curiosité pour donner envie de pousser toujours plus avant sa découverte. C’est le syndrome « encore un chapitre ». Le merveilleux de la Fantasy est un biais que j’utilise, par ses protagonistes haut en couleurs, ses panoramas, sa magie, son bestiaire…Cela encourage la recherche d’évasion. Paradoxalement, j’aime user de thèmes universels et de traits ordinaires chez mes personnages afin que le lecteur décèle et reconnaisse une familiarité qui va le lier, parfois personnellement, à l’histoire.
9 ) Quels sont vos projets futurs en tant qu’auteur de fantaisie et de mythologie ? Y a-t-il d’autres genres que vous aimeriez explorer ou des idées que vous souhaitez concrétiser ?
Je travaille actuellement sur une trilogie qui met en scène un quatuor d’adolescents et l’apprentissage de leurs pouvoirs élémentaires dans une institution spécialisée. Une sorte d’Harry Potter à la sauce mythologie nordique ! Jusqu’à présent, je n’ai bouclé que des one-shots. Je voudrais m’essayer à une histoire à suites, par défi et curiosité. Quant au thème de l’adolescent, il reste mon favori. C’est un âge charnière parfaitement adapté aux changements, à l’évolution, à l’éveil, aux émois et à l’aventure !
Dans un autre genre, je songe assez sérieusement à offrir une suite à mon roman court Minuit Brisé, une dystopie horrifique en hommage à la Fondation SCP. J’ai beaucoup d’idées, plus critiques et politiques, pour cet univers de fin du monde dans une société cruelle et brutale. La mythologie y est certes différente mais pas moins riche et inspirante que la nordique. Le projet est en cours de maturation.
10 ) Quel conseil donneriez-vous aux auteurs aspirants qui souhaitent écrire des histoires de fantaisie et de mythologie ?
Lire et écrire reste la base. C’est par la pratique régulière qu’on obtient des résultats et qu’on améliore son écriture. Stephen King préconise 1000 à 1500 mots par jour, toute l’année. C’est un entraînement intense dur à mettre en place, mais l’idée est là. L’écriture, comme n’importe quel art ou sport, nécessite des efforts et un engagement sur le long terme. Quant à la lecture, il faut dévorer, et de tout. Pas uniquement son genre de prédilection. Il faut tenter de nouvelles expériences, même rebutantes au départ. Il y a toujours quelque chose à apprendre, parfois dans des ouvrages insoupçonnables. Enfin, il faut bien sûr maîtriser les codes de son domaine, surtout quand il s’agit de la Fantasy. Lisez ! Et des classiques, de votre genre comme des autres !